• Système : Un système thermodynamique est un volume fini V de gaz plongé dans un environnement gazeux.
• Variables d'état : Une variable d'état est l'une de variables décrivant l'état physique d'un système. L'état d'un système est ce qui décrit suffisamment le système pour qu'il soit possible de déterminer son comportement futur en l'absence de toute force externe s'exerçant sur lui.
• Propriétés intensives / extensives : Au sein d'un système, les variables d'état telles que la
pression p, le volume V,
la température T ou la masse m ont par définition une valeur
invariante.
Imaginons que nous divisions un système en deux parties égales, comprenant donc la même masse, égale
à la moitié de la masse initiale.
Les propriétés qui restent INchangées sont appelées INtensives : c'est le cas de la
pression et la température.
Les propriétés qui sont divisées par deux sont appelées extensives, par exemple la masse et le
volume.
Un système possède une énergie interne U.
La première loi de la thermodynamique postule qu'une variation de cette énergie interne,
dU, ne peut résulter que
− d'un transfert positif ou négatif de chaleur
δQ (1)
et/ou
− d'une modification du volume dV du système,
en raison d'une variation de la quantité de travail δW =
p · dV.
On vérifie que p · dV répond bien à la définition d'un travail
(scalairement, comme p = F / (dy · dz) et dV = dx · dy · dz, on a dV · p = (dx · dy · dz)· F / (dy · dz)
= F · dx = δW)
Par convention (et conformément à l'intuition physique)
- un transfert positif de chaleur vers le système augmente l'énergie interne
- une augmentation du volume diminue l'énergie interne.
On pose donc
dU = δQ −
δW = δQ −
p · dV
d'où, évidemment,
δQ = dU
+ p · dV
C'est la première loi de la thermodynamique, qui exprime la conservation de l'énergie interne U. (2)
Nous allons montrer que cette loi implique que, lors d'une transformation ADIABATIQUE (c'est-à-dire sans transfert de chaleur entre le système et son environnement), il existe une quantité S constante appelée ENTROPIE.
Sous la forme δQ = dU
+ p · dV cette loi n'est guère utilisable en pratique.
Elle le devient en l'exprimant en fonction des variables de la loi des gaz parfaits
p · V = m · Rs ·
T
La loi des gaz parfaits exprime une variable d'état en fonction de deux autres:
p =
fp(V, T)
En effet, p = m · Rs ·
T / V
V
= fV(T, p)
car V = m · Rs · T /
p
T =
fT(p, V)
comme T = p ·
V / (m · Rs)
Comme il est (au moins intuitivement) clair qu'un transfert de chaleur δQ dépend de T, l'énergie interne dU dépend donc de p, V et T.
1 − Exprimons d'abord formellement dU en fonction des dérivées partielles de deux des trois
variables d'état.
1.1 Pour T et V
dU = (∂U / ∂V)
dV + (∂U / ∂T) dT
1.2 Pour T et p
dU = (∂U / ∂T)
dT + (∂U / ∂p) dp
2 − Puis exprimons dV en fonction de p
et T.
dV =
(∂V / ∂p) dp + (∂V / ∂T)
dT
3 − On peut alors exprimer δQ = dU +
p · dV en fonction de T et V
par
δQ =
(∂U / ∂V) dV + (∂U / ∂T)
dT + p . dV
= (∂U / ∂V + p) dV
+ (∂U / ∂T) dT
(1)
4 − On peut enfin exprimer δQ = dU +
p · dV en fonction de T et p
δQ = (∂U / ∂T) dT + (∂U / ∂p)
dp + p . dV
= (∂U / ∂T) dT + (∂U / ∂p)
dp + p ((∂V / ∂p)
dp + (∂V / ∂T) dT)
= (∂U / ∂T + p ∂V / ∂T)
dT + (p ∂V / ∂p +
∂U / ∂p) dp
(2)
5. Définissons maintenant la capacité thermique C
(heat capacity) comme le coefficient liant la chaleur
transférée et la variation de température.
δQ =
C dT
C'est donc le rapport entre la chaleur transférée
et la variation de température
impliquée
C =
δQ / dT
Plus précisement, on va distinguer:
5.1 CV ≡ capacité thermique à volume constant
(dV = 0)
A partir de (1), comme dV = 0
δQ = (∂U / ∂V + p) dV
+ (∂U / ∂T) dT
et d'après la définition de la capacité thermique C,
CV
= ((∂U / ∂T) dT) / dT
d'où
CV
= ∂U / ∂T
5.2 Cp ≡ capacité thermique à pression constante
(dp = 0)
A partir de (2), comme dp = 0,
δQ =
(∂U / ∂T + p ∂V / ∂T)
dT + (p ∂V / ∂p + ∂U / ∂p)
dp
et, d'après la définition de la capacité thermique C,
Cp = (∂U / ∂T +
p ∂V / ∂T) dT
/ dT
d'où
Cp = ∂U / ∂T +
p ∂V / ∂T
6. Montrons que l'on peut dériver une relation entre les deux coefficients thermiques.
Partant de la loi des gaz parfaits
p · V =
m · Rs · T
on peut écrire la relation différentielle
V · dp + p · dV
= m · Rs · dT
Pour p constant, dp = 0, d'où
p · dV
= m · Rs dT
soit
p · dV / dT
= m · Rs
A partir de Cp = ∂U / ∂T +
p ∂V / ∂T, et en notant que
CV = ∂U / ∂T
On obtient
Cp =
CV + m · Rs
et sous forme intensive, en divisant par m
cp =
cV + R
4.1 − Comme
CV = ∂U / ∂T
d'où
dU = CV · dT
La première loi de la thermodynamique δQ = dU +
p · dV peut s'écrire
δQ =
CV · dT + p · dV
et, sous forme intensive, en définissant le volume spécifique α
≡ V / m
δq =
cV · dT + p · dα
4.2 − Nous avons vu ci−dessus que cp − R =
cV
Avec α = V / m, la loi des gaz
parfaits peut s'écrire
p · α = R T
d'où, en différentiant,
p · dα +
α · dp = R dT
soit
p · dα = R
dT − α · dp
Donc
δq =
cV · dT + p · dα
ou encore, comme cp =
cV + R,
δq =
(cp − R) dT
+ R dT − α dp
soit
δq =
cp · dT
− α dp
On a posé α = V / m
Ecrivons la loi des gaz parfaits p · V = m · Rs ·
T sous la forme
V / m = Rs · T /
p = α
Le relation (3) δq = cp · dT
− α · dp prend alors la forme
δq =
cp · dT − R · T
· dp / p
En divisant par T, on obtient
δq / T =
cp · dT / T − R ·
dp / p
Le membre de droite étant une différentielle exacte, on peut poser
S =
cp · ln T −
Rs · ln p
S est appelé l'entropie du système.
On obtient donc la relation générale suivante
∫ δq / T
= S + constante
souvent notée
δS
= δq / T
Lors d'une transformation adiabatique (c'est-à-dire sans échange de chaleur entre le système
et son environnement) l'entropie est constante : ∫δq = 0, d'où
S + constante = 0 et S = constante.
La Seconde Loi de la Thermodynamique énonce, quant à elle, que l'entropie d'un système isolé ne peut pas
décroître.
A pression constante, la variation d'enthalpie (c'est-à-dire d'énergie globale)
est proportionnelle à la variation de température: dH =
Cp · dT :
Comme H = U +
p · V
dH /
dT = ∂U / ∂T + p ∂V / ∂T + V ∂p /
∂T
A pression constante, donc pour ∂p / ∂T = 0
dH /
dT = ∂U / ∂T + p ∂V / ∂T =
Cp
Or la capacité thermique Cp est le rapport entre
la chaleur transférée et la variation de température impliquée à pression constante.
Notons enfin que l'énergie interne U ne dépend que de la température : c'est la loi de Joule pour la thermodynamique. Cela découle directement de la théorie cinétique des gaz, et est confirmé par l'expérience historique de Joule (1848).
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(1)
L'expression "quantité de chaleur" ne doit pas s'interpéter comme si la "chaleur" était une substance.
Une définition possible de "chaleur" est "énergie transférée en raison d'une différence de température".
La même remarque vaut pour "quantité de travail". Le travail n'est pas une substance.
De ce fait, ni la chaleur ni le travail ne sont des variables d'état.
(2) La notation différentielle, classique en thermodynamique, dU = δq − p · dV fait sourciller les mathématiciens. Certains préfèrent donc dU / dt = Q − W, où Q et W sont définis respectivement comme le taux temporel de transfert d'énergie résultant d'une différence de température et de volume.